Je m'explique: tout événement, circonstance, phénomène doit
être compris en deux temps avec un préalable majeur:
Bien séparer le passionnel du rationnel et c'est sans doute
le plus difficile. L’envahissement de l'information est tel qu'il est très
difficile de retrouver un fil de pensée un peu pur et quand on croit y parvenir
il faut encore chercher.
Une fois ce préalable posé (et ce n'est pas mince, il faut
s'atteler à
Un analyser: inventorier, segmenter, classer, garder et
rejeter
Deux synthétiser sans se faire d'illusion de façon à
recommencer sans cesse : analyse synthèse, sans fin.
Et parfois on parvient à une nouvelle synthèse qui soumise à
la critique prend sens.
(Je t'avais prévenu)
Je me suis obligé à fonctionner selon cette méthode car au
fil du temps et des événements j'ai pris conscience qu'il n'y avait, ici-bas
que peu sinon aucune certitude et que seule notre vanité (vanitas) nous
conduisait à en avoir.
Il y a un petit bouquin qui m'a pas mal troublé alors que
j'étais tout jeune informaticien étudiant les langages, c'est un dictionnaire
anglais, le "Rodget's".
Très dans la culture anglo-saxonne cet ouvrage unique
organise le monde!
Les rubriques sont dans l'ordre:
1 existence
2 non-existence
3 reality
4 unreality
5 essence
Il n'existe rien en français d'une telle profondeur. Sans
doute étrangère à notre culture latine.
Cette façon de fonctionner et cette méthodologie m'ont
très vite satisfait et j'ai joué à les appliquer dès que je ne comprenais pas
ce qui se passait autour de moi. Et il y a beaucoup de choses que je ne
comprends toujours pas.
Tu noteras ici que nous parlons de la même chose: pour toi,
comprendre demain et pour moi comprendre tout court.
Et aujourd'hui, je suis d'accord avec toi. Ça va mal de tous
les côtés.
Tu as du lire comme moi les bouquins de Desmond Morris, ce
zoologiste fou qui a prétendu que la société humaine fonctionnait selon les
mêmes principes que les sociétés animales qu'il étudiait.
Pas si fou que ça. Son approche d'un système qui comprend
des groupes distincts qui s'organisent avec des dominants, des dominés, des
valeurs et des règles distinctes recoupe magnifiquement les notions
mathématiques de systèmes disjoints chacun avec ses valeurs et opérateurs tels
que depuis un système il est impossible d'admettre les valeurs et opérateurs
d'un autre.
Je ne sais pas si tu me vois venir?
Notre société constitue un système complet avec des valeurs
propres qui font qu'il fonctionne plus ou moins bien (plutôt moins).
Ce système admet une hiérarchie de valeurs qu'il est
très difficile de définir (pas les valeurs mais la hiérarchie).
On pourrait s'atteler à définir cette hiérarchie et beaucoup
de nos philosophes l'ont fait: Les explications de ce système
judéo-chrétien ou occidental sont pléthoriques et tellement denses qu'on ne s'y
retrouve que difficilement.
Ce système fonctionne donc mal, c'est vrai et tu le dis sur
tous les tons, mais c'est viscéralement le nôtre et nous y sommes attachés sans
même pouvoir imaginer qu'il puisse être autrement malgré ses faiblesses et ses
quelques forces.
On ne saurait en imaginer un autre.
Et pourtant il en existe un autre dont l'existence nous pose
un problème vital.
Le monde musulman à côté duquel nous avons été élevés, toi
et moi, pose aujourd'hui au monde occidental des questions insolubles.
Il soumet notre pauvre système judéo-chrétien à des coups de
boutoir qui secouent les cœurs et les consciences.
Questions Insolubles pour notre système de valeurs et
paradoxalement des évidences dans le leur. A l'inverse, ce que nous ce que nous
croyons vrai, leur est odieux à l'évidence. Pourquoi?
Comme nous tous Je me suis interrogé sur cette difficulté
d'associer nos deux systèmes apparemment si proches.
J'ai lu et la bible un peu et le coran très peu et surtout
j'ai essayé de me pénétrer de l'esprit des sociétés arabes que j'ai côtoyé. Les
copains, les amis, les collègues musulmans et j'ai élaboré une sorte de grille
d'analyse que j'élabore sans cesse.
De façon presque obsessionnelle je place au sommet (je
devrais dire en cause première) la liberté puis la responsabilité.
Ce sont les clés de voute du monde judéo chrétien et la clé
de voute de l'islam est la soumission. Dieu est tout et l'individu ne décide
rien sans Dieu et donc n'est responsable de rien.
Cette inexistence de l'homme est telle que le futur n'existe
pas et que le langage courant interdit de l'utiliser pour exprimer un projet,
une entreprise, une décision sans ajouter "s'il plait à Dieu". Sommaire?
pas tant que ça. L’imprégnation depuis l'enfance et des générations conduit à
une atrophie de toute velléité d'affirmation.
Encore une fois, je ne juge pas si c'est bien ou mal. Au
contraire, je dis qu'autant que je puisse me débarrasser de ce qui m'a imprégné
depuis mon enfance et des générations qui m'ont fait, les valeurs de l'islam
pourraient convenir à condition qu'on ne les bouscule pas. Le monde occidental
bouscule les valeurs de l'Islam et les prétend sans valeur.
C'est dramatique pour les uns et pour les autres.
A ce stade, se pose la vraie question du choix vital.
Notre génération a connu la seconde guerre. Nous étions
petits, il est vrai, mais nous avons compris ce qu'a été pour l'Europe la
question de la survie.
Au sommet de toute crise, de tout paroxysme, lorsque se pose
la question de la survie, de la vie et de la mort, c'est tout un système de
valeurs qui se réorganise naturellement.
C'est ce qui est en train de se passer aujourd'hui.
Notre système, déjà mal en point par ses propres
insuffisances est confronté à un corpus idéologique que je ne sais pas nommer
autrement qu' "Alien" faute de disposer des neurones qui me
permettrait de le comprendre et de m'en défendre.
Je t'envoie ceci en m'arrêtant à ce stade.
Il fait très beau et je vais promener Hanoï .C'est le nom de
la petite bête que je partage.
C'est tout simple.